vendredi 21 août 2009

Un livre qui fait réfléchir sur le mariage

« Ce qui rend le mariage si fort et si indestructible, c'est qu'il réunit un homme et une femme autour d'un projet. D'un projet fou. Souvent voué à l'infortune. D'un défi quasi impossible à réaliser et impérieux à oser. Le drame serait de ne pas tenter l'impossible, de rester, une vie entière, à la mesure de ce qu'on peut. »

Après être tombée sur cette citation du livre de Christiane Singer, Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies, il y a quelques mois, j'ai décidé d'acheter son livre.

Tiré d'une critique du livre en ligne : « L'amour éternel est-il une utopie née du délire d'incurables optimistes ou une transcendance à laquelle nous pouvons tous accéder ? Pour Christiane Singer, le secret de cet amour dépend de l'engagement des amants l'un vis-à-vis de l'autre, engagement notamment symbolisé par un mariage. [] Le mariage peut-il être indestructible ? "Oui, si je le veux", elle proclame. [] "Ce n'est pas de l'hyperromantisme !" se défend l'auteur. »

Quel sujet démodé! Faire l'éloge du mariage! J'étais presque gênée, à la librairie, d'apporter ce livre à la caisse.

Bon, je ne l'ai pas encore terminé, mais il y a déjà quelques extraits qui m'ont frappée.

"Il existe des époux-fossiles comme il existe des croyants-fossiles. Ce sont ceux qui attendent de l’institution du mariage comme de l’institution de l’Eglise qu’elles les protègent des désordres de l’amour et de la foi. Cette tentative désespérée de garder au monde la lumière originelle de l’éclair tout en désamorçant le danger mortel aurait quelque chose de presque émouvant si elle ne prétendait y parvenir vraiment !"

"Il y a aujourd'hui un irrespect de l'engagement qui fige la moelle dans les os."

Je pense que dans le fond, la loi sur le Patrimoine au Québec a bien arrangé ceux qui ont peur depuis la nuit des temps de l'engagement... et surtout des responsabilités. La loi leur donne LE prétexte pour ne pas avoir à se marier.

L'engagement que je prendrai le jour que je me marierai sera un engagement réel, sans promesses vides. Je ne vais pas m'attendre à ce que la personne que je marie me rende heureuse. Je ferai tout pour être heureuse, ce qui rendra mon couple heureux, je crois.

Un extrait du livre que j'aime beaucoup est celui-ci :

« Je ne peux pas abolir ton destin, ni t'éviter épreuves et difficultés, ni enrayer tes échecs, ni provoquer ta réussite, ni entraver tes rencontres. Impossible de prendre les commandes de ta vie, de m'immiscer entre toi et ta peau, de glisser mon doigt entre ton écorce et ton aubier. Je ne peux que t'assurer de ma loyauté – ne jamais laisser tarir le dialogue entre nous, le raviver de neuf chaque jour. Mieux encore : je ne peux que respecter l'espace dont tu as besoin pour grandir. Te mettre à l'abri de ma trop grande sollicitude, de tout envahissement de ces rhizomes souterrains que sont les discrètes et indiscrètes manipulations de l'amour. [Ça me fait penser au Zahir « laisser l'énergie de l'amour circuler! »]

"Veuillez, Monsieur, ne pas nous imposer une forme de bonheur qui n'est pas la nôtre." Cette prière, qu'adressait un pacha d'Algérie à quelque gouverneur des colonies à la fin du siècle passé, résonne loin."

Une forme de bonheur qui n'est pas la nôtre est sûrement celle à laquelle la plupart des gens sont habitués : le petit train-train quotidien, le 9 à 5, le souper vite fait, la vaisselle et dodo. La fin de semaine, le ménage, tondre le gazon, écouter la télé. Voilà une vie que je ne veux pas! La vie que je vit présentement avec MB m'apporte tellement de bonheur...

"Jamais, quoi que je fasse, je ne serai celui ou celle qui mâche ton pain, boit ton eau, jamais je ne respirerai pour toi. Jamais ta peau ne m'invitera à m'y glisser. Jamais je ne tisserai pour toi les fils de tes rêves ni de tes pensées. Et comme tu étais seul à ta naissance, tu seras seul devant ta mort et seul, mille fois, dans les nuits d'insomnie quand un chien aboie au loin ou quand une voix que tu es seul à entendre t'appelle. Vouloir me perdre en toi, me jeter en toi, corps et biens, avec tous mes meubles et mes trésors. T'envahir. Te combler. Te faire gardien de mes propriétés ! Il n'est pire cruauté. Car tu as une vocation, unique, une œuvre à mener à bien. Toi-même. Et pour cela, il te faut tout l'espace qui est en toi."

C'est le « moi », le « toi » et le « nous » qui sont nécessaires pour une relation saine.

Voici la suite de la citation qui m'avait incitée à acheter ce livre :

« Que cet état soit difficile à vivre, exigeant et inconfortable, qui le contestera ? L'état d'amitié, par exemple, comparé à celui du mariage, a aussi ses fluctuations, mais leur amplitude est sans comparaison. Nulle part la houle n'est aussi forte, aussi éprouvante qu'entre époux. En amitié, l'habileté à faire souffrir est modeste – le confort, assuré, souvent idyllique. En mariage, l'autre me confronte aux limites de mon être. »

Le sujet de la confrontation revient assez souvent. Je crois qu'essentiellement, elle veut dire que notre partenaire dans la vie nous pousse à nous examiner, nous encourage à poursuivre nos rêves, à devenir meilleurs. Qui d'autre pourrait le faire que la personne qui partage notre vie quotidienne? Quand nous sommes jeunes, ce sont nos parents qui le font. Plus tard, c'est logique que ce soit notre mari ou notre femme qui assume ce rôle.

« Ce qui rend le mariage si lumineux et si cruellement thérapeutique, c'est qu'il est la seule relation qui mette véritablement au travail. Toutes les autres relations aventureuses et amicales permettent les délices de la feinte, de l'esquive, de la volte-face et de l'enjouement. » […]

Christiane Singer dit que « C'est très difficile d'être lié l'un à l'autre sans entraver l'espace dont chacun a besoin pour grandir. »

Ce livre contient une vision courageuse de l'amour et de l'engagement. Surtout quand tout, dans notre société, nous prépare voire nous encourage! à la brièveté des unions.

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